Alaois avait vécu une journée des plus tranquilles ; les querelles citadines tendaient à s’amoindrir, et les interventions se raréfiaient. Aussi, quand aux alentours de dix-huit heures, Jay voulut partir, il prit tout naturellement en charge son service. Tout était si doux, si prévisible, qu’à vingt-deux heures il retira ses vêtements de service, les troquant contre une chemise en lin fin et un pantalon ajusté. A minuit, le téléphone sonna une fois. A minuit sept, trois fois. Et ce fut crescendo ; des plaintes répétées et répétitives à propos d’une soirée en plein centre-ville qui empêchait les voisins sur trois cent mètres de profiter de leur dimanche soir au calme. Ni une, ni deux, il laissa un mot sur son bureau indiquant son départ, et conduisit la voiture jusqu’à l’adresse. Il frappa trois fois, tambourinant de toute son âme ; pas de réponse. Sa main sur la poignée, il allait pousser la porte, jusqu’à ce qu’une silhouette féminine le heurte de plein fouet. « Vous êtes la propriétaire des lieux, je suppose ? Ça fait huit fois que je frappe -au moins. Agent Vinicio. »